Vous avez dit "radicalisation" ? La production de l’ignorance comme condition de légitimité de la recherche.

Un rapport de recherche est un rapport social comme un autre. Là où le chercheur est généralement mû par l’illusio d’une production désintéressée de connaissances, à même de dévoiler les implicites du jeu social et de contribuer à la réflexivité des acteurs dans l’espace public, son expérience est inévitablement celle de la transaction et des instrumentalisations multiples aux différentes étapes de son activité de recherche : de la définition de l’objet et des questions pertinentes – d’autant plus dans le cadre de commandes publiques qui tendent à focaliser l’origine des problèmes dans les caractéristiques de leurs publics et usagers – que dans les usages, parfois discrets, voire discrétionnaires dont font l’objet les productions finales en passant par le déroulé même de la recherche, y compris lorsque celle-ci se veut participative et postule un idéal habermassien d’égalité entre les participants, comme cela est le cas de la méthode d’analyse en groupe. Cette communication propose un retour sur différentes expériences de recherche, notamment sur les enjeux de la « radicalisation des jeunes », pour en dégager les implicites et les non-dits, qui ne tiennent pas seulement aux effets de la hiérarchie de crédibilité, mais également aux taches aveugles des chercheurs et à leurs propres intérêts de légitimation